Page:Huysmans - Le Drageoir aux épices, 1921.djvu/83

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première fois il serait plus hardi. Un soir, ils marchaient tout au bord du ruisseau. La lune avait rejeté sa fourrure de nuées blanches et se mirait dans l’eau ; on eût dit une faucille d’argent posée sur une bande de moire bleue. Notre amoureux s’approcha de Claudine, et, au moment où il allait enfin lui embrasser le cou, il aperçut dans le ruisseau l’image de sa bien-aimée qui souriait de le voir si gauche. Cette fois, il perdit la tête et embrassa si fort la petite place rose, qu’elle en resta blanche pendant quelques secondes et devint subitement rouge.

Tandis que Claudine simulait une colère qu’elle était loin de ressentir, Just et Aristide, que leur commune détresse avait rapprochés, alternaient, en des strophes désolées, sur la bonne mine et les charmes de leur fugitive