Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que je déguerpis. — C’est franc et c’est chic, voilà mon idée ! Maintenant, embrasse-moi, poupoule.

Céline fut abasourdie. — Ainsi Anatole n’avait aucune affection pour elle ; — il la quittait sans même exprimer un regret. — C’était un homme sale, un loffiat, elle le savait, mais jamais elle n’aurait cru qu’il fût aussi misérable. Quand une femme vous laisse voir qu’elle a assez de vous, c’est bien le moins que l’on pleurniche un peu et que l’on rage ! sans cela quelle joie resterait donc aux filles ? Tous ceux qu’elle avait eus jusqu’ici la surveillaient, étaient jaloux, lui flanquaient des torgnoles, lorsqu’elle commençait à les délaisser. En se faisant séduire par un monsieur, elle était réjouie par cette pensée que l’autre se démènerait comme un beau diable. — Oui, il serait gênant, il la suivrait, il la houspillerait le long de l’avenue du Maine, mais enfin elle pourrait dire, en recevant la danse : Tu as beau me battre, mon bonhomme, je te trompe tout de même ; — si celui-là répond en riant : Je m’en fiche, alors à quoi cela sert-il de lui faire des farces ? Anatole était brutal, mais seulement quand elle refusait de lui prêter des sous. Pas de cœur et des besoins, cet homme-là devait véritablement vous dégoûter des autres !

Anatole se tordait gracieusement et répétait