Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/123

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sur un ton de flûte : Embrasse-moi, poupoule. Céline devint pourpre, le sang lui moussa dans les veines, elle lui jeta : Tu as fini de parler, n’est-ce pas ? Eh bien oui, c’est vrai, oui j’ai trouvé un monsieur riche, il est autrement propre que toi, va !

Anatole jubilait démesurément. — Rage pas, reprit-il, ça n’avance à rien. Voyons, raisonne un peu : Je t’aime, tu m’aimes, je te l’annonce, tu tâches de pivoiner et de baisser tes stores, toutes les femmes font ça pour enjôler les hommes ; tu te dis : Je vais le mettre dedans ; moi aussi je me le dis. Bè dame, alors, c’est le plus malin des deux qui roule l’autre ! Et puis, après tout, il n’y a pas eu de casse ! J’ai respecté ta bâtisse, je ne t’ai pas détériorée ; tu es encore belle au clair de lune, puisque cet infirme qui se met deux paletots, l’un sur l’autre, bat le briquet pour te rattraper quand tu enfiles le boulevard de Montrouge. — On rend bien maintenant les objets qui ont cessé de plaire, pourquoi donc que je ne te rendrais pas ? Il n’y a pas de crainte que tu te fanes dans la montre, puisqu’il y a un acheteur ! Non, tiens, veux-tu que je te dise, tu as eu tort, tu n’étais vraiment pas convenable, tu étais méprisante de tout, il te fallait ci, il te fallait ça, tu avais faim, tu n’avais plus faim, bête ! puisque nous mangions dans la même assiette, il fallait te dépêcher