Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/127

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vaise humeur de l’autre, déclarait qu’elle aussi était attendue, et qu’elle n’avait pas le temps de torcher les assiettes et les verres ; mais comme Céline mâchait sa dernière bouchée, le derrière fuyant entre la porte ouverte et le palier, force fut à la petite de ne pas laisser la maison seule et d’attendre que la femme Teston vînt la délivrer et consentît à monter la garde, à sa place, auprès de sa mère.

Il advint de toutes ces chicanes accrues par l’entêtement de Céline que la maman fut couchée plus tôt que de coutume. À huit heures maintenant on la hissait sur les matelas. Elle ne se plaignait point d’ailleurs, étant comme tous ceux qui souffrent, heureuse de changer de place, levant de temps à autre le nez comme un animal inquiet, se demandant pourquoi maintenant la journée lui paraissait moins longue.

Auguste prit Céline en haine depuis cette époque. Il posait pendant de longues heures, et estimait que la petite était bien bête de se laisser ainsi mener par sa sœur. Personnel comme tous les amoureux, il ne s’intéressait pas à l’état, peu ordinaire cependant, de madame Vatard. Il ne voyait et ne comprenait qu’une chose, c’est que Désirée était à peine libre, quelques minutes, le soir, et il lui disait avec raison que, lorsque son père serait de retour, les rendez-vous s’espace-