raient davantage encore. C’était le moment ou jamais de se réunir tandis qu’il n’y était pas. Si l’on ne savait point profiter de l’occasion, comment arriverait-on à faire vraiment connaissance ?
Céline devinant les conseils qu’Auguste donnait à sa sœur, le détesta. Elle était d’ailleurs pour le moment irritée et mauvaise. Elle commençait à penser que son monsieur était par trop convenable. Il causait assis près d’elle, regardait le ciel avec des airs dolents, bref il l’exaspérait. Elle le traitait en elle-même de serin, mais elle rentrait, tous les soirs, humiliée de n’avoir pas été prise.
La femme Teston fut réellement admirable, dans ces circonstances ; émue par les désolations de Céline, sa préférée, elle vint s’établir, à la tombée de la nuit, vis-à-vis la couchette de l’hydropique et là, parlant toute seule, ravaudant les chaussettes de son Alexandre, elle somnolait, médisante et grave.
À dix heures, elle se levait, remettant dans son cabas de paille ses aiguilles, son fil et son dé, recouvrait de cendre les braises mi-éteintes, bordait le lit de sa camarade, éteignait la lampe à schiste et partait à la recherche de son mari qui fumait invariablement sa pipe, le derrière tassé sur une borne, le dos appuyé contre l’un des vantaux de la porte cochère.