Toutes les compotes, toutes les confitures s’enfuirent, se rattrapant, s’arrêtant, dès qu’elles se rencontraient, hésitant, puis descendant plus rapides quand elles s’étaient confondues et mêlées.
Le vin bleu, le cassis, le marc, rigolaient sur le zinc des comptoirs. Dans la rue, l’on ne voyait que des hommes s’essuyant la bouche et crachant du violet sur les pavés.
Alors Auguste proposa à Désirée de la conduire aux Folies-Bobino. Le théâtre ne battait plus que d’une aile ; il ne jouait plus maintenant que tous les deux ou trois jours. La petite, craignant qu’il ne fermât pour de bon et voulant, une fois dans sa vie au moins, savourer les délices vantées de ce repaire, accepta l’offre d’Auguste.
Elle admira fort l’entrée qui est d’une architecture des plus compliquées, du siamois, du japonais, du je ne sais quoi, mâtiné avec l’imbécile fantaisie d’un architecte. Le tout était teint avec du brun de chocolat et du gris d’ardoise et orné de bas-reliefs où saillaient des amours aux fesses trois fois trop larges, raclant du violoncelle. Une femme jaune dansant sur le toit retroussé comme celui d’une pagode et tenant à la main un appareil à gaz, en forme de lyre, la stupéfia.
Puis, elle entra dans un jardin, planté de