Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/16

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madame Voblat, un gabion de suif, une bombance de chairs mal retenue par les douves d’un corset, un tendron abêti et béat qui riait et tâchait de se tenir la taille à propos de tout, pour un miaulement de chat, pour un vol de mouche ; c’étaient enfin les deux sœurs Vatard, Désirée, une galopine de quinze ans, une brunette aux grands yeux affaiblis, pas très droits, grasse sans excès, avenante et propre, et Céline, la godailleuse, une grande fille aux yeux clairs et aux cheveux couleur de paille, une solide gaillarde dont le sang fourmillait et dansait dans les veines, une grande mâtine qui avait couru aux hommes, dès les premiers frissons de sa puberté.

La mère Teston travaillait, depuis plus de trente années, dans la maison Débonnaire. Les trois autres y avaient vagi et tété, alors que leur mère, les torchant d’une main, pliait, de l’autre, les rames des papiers. En sus de ces quatre ouvrières, une vingtaine de femmes, de fillettes, de gosses, s’amoncelaient, le matin, dès sept heures, le long des tables et s’en allaient, suivant la saison ou la plus ou moins grande presse du travail, à six, à sept, à huit heures du soir.

Ces vingt filles se renouvelant, tous les dix jours, formaient cette population nomade, cette coterie des ouvrières brocheuses, étrange asso-