Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rable spleen. — Auguste était très embarrassé. La brave femme l’adorait comme on adore un fils unique, et lui, l’aimait avec l’affection reconnaissante d’un homme qui a souvenance des assauts enragés supportés contre la misère par une femme restée veuve toute jeune avec un enfant. Il devait prendre une résolution et se dépêcher ; le médecin le conseillait. Il se détermina enfin à l’installer chez une de ses tantes qui possédait une masure et un jardinet du côté de la rue Picpus. Le quartier était lugubre, mais la maisonnette ensoleillée et fleurie, et puis, là, ne devant jamais se trouver seule, elle ne serait plus exposée à manquer de soins dans la journée si par malheur sa maladie devenait plus grave.

Pour lui, par exemple, la vie allait être dure. La distance à franchir entre le quartier Picpus et le quartier St-Sulpice était longue, mais ce surcroît de fatigues lui importait peu. La grande difficulté à résoudre était celle des réunions. Elles étaient déjà si courtes, alors que tous les deux habitaient dans le même quartier ! Elles ne dureraient plus maintenant que quelques minutes ; le peu de temps dont ils pouvaient disposer devant nécessairement se passer en allées et venues. Ne pas dîner chez sa mère et s’attabler dans un bouisbouis quelconque jusqu’à ce que