Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/241

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les rembarrer, qu’elle n’était pas assez mécontente de ces invites.

Et elle riait, lui tapait sur les doigts, murmurait : que tu es bête, je me fiche bien d’eux puisque je suis là ! Et, très contente qu’il se montrât jaloux, elle le lui reprochait, puis elle se pendait plus câline à son bras, toute penchée en avant et la tête relevée vers lui, pour lui voir les yeux.

Mais le temps coulait vite, ils remontaient lentement jusqu’au boulevard du Montparnasse. Un jour, ils avisèrent un joli bouchon, presque solitaire, où ils burent du cidre. — Le bouchon de leurs rêves leur sembla être celui-là : une petite salle enguirlandée de roses, avec des tables de bois, une bonne grosse maman ronflant dans son comptoir, les bras croisés, un garçon bâillant sur le seuil de la porte, un patron salivant et fumant derrière un journal. — Tiens, mais voilà un endroit utile à connaître, dit Auguste ; au lieu de descendre jusqu’au quai, tu t’arrêteras là quand il pleuvra. Je ne crains pas l’eau. Le temps pendant lequel nous remontions jusqu’à cette place sera perdu pour moi, puisque je ne t’aurai point ; mais cela vaudra toujours mieux que de te laisser tremper comme une soupe et de tomber de nouveau malade.

Bien leur en prit d’avoir découvert cet endroit tranquille, car les soirées où le ciel et les pavés