Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/296

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jeta Céline. Désirée et Auguste n’osaient se regarder en face. Céline continua d’un ton belliqueux : — Écoutez-moi, vous autres ; faut nous éclaircir. Le père ne veut décidément pas de vous, Auguste ; ma sœur ne peut pas respecter ses fleurs jusqu’à la fin du monde et, soyons justes, vous aussi, vous ne pouvez pas non plus demeurer dans la salle d’attente puisque les guichets doivent rester fermés. Eh bien, voyons, là, entre nous, si vous vous rendiez votre liberté, si chacun de vous se mariait de son côté, ce serait peut-être encore ce que vous auriez fait de moins bête !

Désirée haletait ; elle leva les yeux sur Auguste. Il n’avait pas trop l’air d’un individu qui a reçu un coup sur la tête.

Il dit, à son tour, qu’après tout, Céline avait raison ; que, sans doute, c’était dur de se quitter, que, pour son compte, cela le désolait, mais qu’enfin…

— Alors Chaudrut avait dit la vérité, interrompit Céline ; avouez que, si vous supportez aussi bien la chose, c’est parce que vous allez vous marier ?

Il rougit, balbutia un peu, avoua. Désirée bredouilla qu’elle aussi était sur le point d’agir de même. — Alors ils se regardèrent en face. Ils se demandèrent des renseignements sur leurs futurs, se disant par délicatesse qu’ils auraient