Aller au contenu

Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

délaçait son corsage, la soie sifflait et lui battait les hanches, sa gorge s’arrondissait à l’aise dans la chemise qui remuait du col aux pieds. Alors il la prenait, la portait dans le lit, faisant la maraude des baisers, tandis qu’elle se pâmait, le corps craquant entre ses bras. Sans doute, le soir où elle vint chez lui, les premiers instants avaient été pénibles, mais une fois qu’ils s’étaient saisis corps à corps, une fois qu’ils s’étaient échauffés dans la lutte, de quelles vives délices ne s’étaient-ils pas repus ! Cet inoubliable souvenir des nuits d’où l’on sort, les épaules rouges et les tresses mordues, l’opprimante vision de ces moments où les mains s’égarent, tous ces recueillements attendris, tous ces bonheurs à perte d’haleine, l’obsédèrent à nouveau et, furieuse, elle poussa rudement dans l’alcôve son amant, qui se cogna contre le mur et marmonna, tout endormi :

— Ah ! bien ! mais non, tu sais, tu m’embêtes, toi ! Tiens-toi donc tranquille !

Il prit l’habitude de venir tous les jours l’harasser de sa présence ; elle l’eût étranglé avec joie, cet imbécile qui la détaillait sans bouger quand elle se mettait au lit ! Elle en vint à être tellement importunée par cet homme qu’elle n’eut même