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Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/122

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beau semblant de distraction le bas de ses culottes, il fit voir à la femme qu’il nourrissait un caleçon à trame rose. Comme elle ne s’extasiait point devant cette élégance de clown, il tira un peu son maillot et dit en avançant les lèvres :

— Vois donc comme la soie est souple ?

Elle garda le silence, attendant cette gracieuseté banale, cette amabilité de rencontre, que tout être, si vil ou si abêti qu’il soit, témoigne, la première nuit au moins, à la femme qu’il est censé vaincre. Elle eût pu attendre longtemps ! Quand il eut achevé son cigare et que, battant du pied, il en eût écrasé la cendre sur le tapis, il murmura satisfait :

— Je parie que tu ne devines pas ce que contient cette valise ? Non ? Oh ! c’est-il drôle, les femmes, ça ne devine jamais ! Eh bien ! mais, c’est un vêtement de nuit ; et il étala avec une monstrueuse joie une chemisette en foulard de Surah maïs, agrémentée de rubans couleur feu.

Pour la première fois depuis qu’elle l’avait quitté, Marthe songeait à Léo. Quelle différence entre le début de ces deux hommes ! Où étaient les respects égrillards du poëte, les hâtes si ralenties du déshabillé ? Léo défaisait, une à une, ses jupes,