Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/18

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— Ça boulotte, je vous remercie. Maintenant entendons-nous : vous ne me connaissez pas, moi non plus. Eh bien ! je suis journaliste et j’ai l’intention d’écrire un article mirifique sur votre théâtre.

— Ah ! enchanté, bien ravi, certainement, mais dans quel journal écrivez-vous ?

— Dans la Revue mensuelle.

— Connais pas. Et ça paraît quand ?

— Généralement tous les mois.

— Enfin… asseyez-vous donc ?

— Je vous remercie, mais je n’en profiterai pas.

Et il s’en fut dans le foyer où jacassaient les acteurs et les actrices. C’était un habile homme que le nouveau venu ! il dit un mot aimable à l’un, un mot aimable à l’autre, promit à tout le monde un article gracieux, à Marthe surtout qu’il regardait d’un œil si goulu qu’elle n’eut pas de peine à deviner qu’il était l’auteur de la lettre.

Il revint les jours suivants, lui fit la cour ; bref, il parvint un soir à l’entraîner chez lui.

Ginginet, qui surveillait le manège du jeune homme, entra dans une furieuse colère qu’il épancha, à grands flots, dans le sein de Bourdeau, son collègue et ami.