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Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/44

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l’aise dans les ténèbres de ces portes qui bâillent sur les trottoirs. Elle reprit haleine dans l’un de ces corridors qui exhalent des bouffées de cave, puis elle reprit sa marche. Pendant ces quelques minutes de repos, l’affolement avait cessé, elle songeait à aller demander asile à l’une de ses amies qui demeurait rue Monge ; elle frappa inutilement à sa porte et, sur l’assurance donnée par la concierge, qu’elle ne tarderait pas à rentrer, elle se mit à badauder, se promenant de long en large dans la rue. Elle regardait avec une attention déroutée les vitrines d’un marchand de jouets, les billes, les images d’Épinal, les polichinelles de bois, les petites marmites vernissées et vertes à l’usage des enfants, les fioles de parfumerie taillées à côtes, bouchées à l’émeri et coiffées d’un casque de peau blanche, les bouteilles d’encre rouge, les paquets d’aiguilles, enveloppées de papier noir, avec les armes de l’Angleterre en or, les images de sainteté, les crayons Mangin.

Quand elle eut bien regardé, sans même le voir, tout ce misérable éventaire, elle revint chez la concierge. Son amie n’était pas encore rentrée.

Elle se promena de nouveau : une soif ardente lui brûlait la gorge ; elle s’arrêta devant un mar-