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Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/70

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gémir quand l’argent manquait et à le faire mal dîner parce qu’elle avait dû se procurer des gants, l’exaspérèrent.

Et puis, quel avantage avait-il depuis que sa liberté était perdue ? Qu’étaient devenues les robes traînantes, les jupes falbalassées, les corsets de soie noire, tout ce factice qu’il adorait ? La comédienne, la maîtresse avait disparu, il ne restait que la bonne à tout faire.

Il n’avait même plus cette joie des premiers jours de leur liaison, quand il se disait en route : ce soir elle viendra. Le pas qui se presse pour arriver plus tôt, cette angoisse même qui vous opprime quand l’heure est passée et que l’on n’entend point le pas connu monter et s’arrêter devant votre porte, oh ! que tout cela était loin ! Plus de bonnes conversations au coin du feu, avec des amis ; plus de discussions intelligentes sur tel ou tel livre, sur tel ou tel tableau. Allez donc parler littérature et beaux-arts devant une femme qui bâille dans sa main, qui regarde furtivement la pendule, qui semble vous dire : mais, allez donc vous en, que nous nous couchions ! Ce suicide d’intelligence que l’on nomme « un collage », commençait à lui peser.