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Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/72

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disant tous les quarts d’heure à son amant qui travaillait : tu ne viens donc pas ?

Il répondait en grognant ; puis, de guerre lasse, il laissait son travail et se couchait. Alors elle ne bougeait, faisant semblant de dormir, se rejetant avec peine sur le bord du lit, pour lui faire place dans la ruelle ; elle lui tournait obstinément le dos, retirant ses jambes aussitôt qu’il approchait les siennes pour les réchauffer. Impatienté, il éteignait la lampe et s’essayait à dormir.

Ces taquineries puériles, ces bouderies de femme l’agaçaient, et comme elles se renouvelaient chaque fois qu’elle se mettait au lit seule, il finit par céder, et, pour avoir une maîtresse aimable, il dut fermer les yeux à des heures stupides. Au reste, Marthe ne lui en fut pas reconnaissante, trouvant qu’il manquait de volonté et se promettant bien d’user de sa faiblesse à la première occasion.

Il était avec cela jaloux et, après une dispute causée par des taches de boue à sa robe, qui dénonçaient clairement, malgré les dénégations qu’elle lui opposa, qu’elle n’était pas restée chez elle toute la journée, leur vie en commun devint insupportable.