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Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/77

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pagner jusqu’au chemin de fer, mais il était déjà en retard. Le temps qu’elle se vêtit, il manquerait sûrement son train. Elle dut renoncer à son projet.

Lorsque Léo fut parti, elle enfila rapidement ses jupes. Elle avait besoin de marcher, d’aller à l’air ; elle traita de folle sa peur des agents de police et passant d’un excès à un autre, sans mesure, elle eût voulu les trouver devant elle, les narguer, leur dire en face : « vous n’êtes que de sales roussins » ; mais cette surexcitation tomba dès qu’elle fut sortie.

Elle s’en fut voir une de ses camarades qui desservait l’un des plus infimes caboulots de la rue de Vaugirard. La salle était presque vide lorsqu’elle y entra et pas encore balayée. Les glaces rendues troubles par la pommade des têtes qui s’y étaient posées, étaient claires en haut et ternes en bas ; le plancher, poudré de rouge, était étoilé de flegmes et de crachats secs, d’épaves de cigares et de bourres de pipes, le marbre des tables gluait avec ses ronds de verres poissés et, au fond, sur un divan, gisait, infamie vivante, le père de la patronne, chargé de faire manœuvrer la pompe de la bière.