Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/78

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La salle sentait la vapeur refroidie du tabac, l’odeur particulière aux estaminets. Le vieil homme reniflait en somnolant et Maria, l’amie de Marthe, assise sur une banquette, bâillait aux mouches. Après qu’elles se furent embrassées, Maria, entraînant Marthe dans la cuisine, lui dit précipitamment :

— As-tu reçu ma lettre ?

— Non.

— Mais la police est à tes trousses, ma chère. C’est le petit rouge qui me l’a dit, hier au soir, tu as été reconnue par un agent qui avait perdu tes traces mais qui vient de les retrouver.

Elle demeura comme ahurie. Ses craintes étaient donc réalisées ! Le Dispensaire allait lui demander compte de sa fuite ! On irait chez Léo ; la concierge saurait tout et lui dirait quand il serait de retour, qui elle était, quelle vie elle avait menée. Elle se résolut à ne plus retourner chez lui.

— Je t’offrirais bien de te cacher pendant quelques jours chez moi, disait la fille, mais je n’habite pas seule et mon monsieur se fâcherait. Va plutôt chez Titine.

— Où demeure-t-elle ?

— Ah ! Je ne sais pas au juste ; elle habite, m’a-