l’avait certainement ravi plus que toute autre. Tant qu’ils n’avaient pas habité ensemble, tant qu’ils n’avaient pas connu les défaillances de la vie commune, il s’était senti violemment épris d’elle. Au bout de huit jours de ces côtoiements, tout ce renouveau de la femme qui enchante quand même et qui n’est que le résultat d’absences savamment combinées, toutes les hideuses faiblesses de la nature que chacun s’efforce d’ignorer et que l’on se cache de part et d’autre, tout cela était fini, tout cela était connu, tout cela ne présentait plus ce mystère sans lequel toute passion se lasse. Ces instincts de luxe, ces assaisonnements de toilettes étaient épuisés ; après avoir goûté à des mets de haute liesse, il avait pénétré dans les arcanes de la cuisine et l’appétit avait disparu en même temps que le désir de toucher à ces mets subtils et réveillés d’épices. Il commençait à s’ennuyer de cette monotonie sans espoir de revanche, de ce duo ressassé sur tous les orgues de ménage ; puis, à y bien songer, cette fille lui avait rendu la vie insupportable avec ses appétences et ses furies de folle, ses vices d’ivrognerie et ses abattements de malade, ses tumultes des sens alternés de froideurs trop peu feintes ;
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