Page:Huysmans - Prières et pensées chrétiennes (1910).djvu/19

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Un des derniers historiens de Pascal, M. Fortunat Strowski, a montré, dans un livre récent, combien la conversion de Huysmans se rapprochait de celle de l’illustre penseur chrétien. À l’aide des confidences de Durtal, il a suivi le travail latent de la grâce dans l’âme du grand Blaise et ce n’est pas une des moindres preuves de la sincérité de Huysmans que cette concordance entre ses propres débats et ceux qui devaient amener Pascal à répandre des « pleurs de joie ».

Je ne surprendrai personne en disant que ces deux fervents convertis n’arrivaient pas précisément à Dieu des mêmes confins de l’indifférence ou de l’incrédulité. Tandis qu’il s’agissait pour Pascal d’abjurer Épictète et Montaigne et d’atteindre Dieu par l’intermédiaire de Jésus-Christ, il n’était question de rien moins pour Huysmans que de bouleverser, de fond en comble, une existence adonnée aux habitudes sensuelles et au vice. L’un exigeait autant d’efforts que l’autre et il faut un égal courage pour abdiquer l’orgueil de l’esprit et pour imposer silence à celui de la chair.

Mais le trait commun de ces deux conversions fut que le raisonnement n’y eut pas grande part et que l’amour seul les conduisit. Pascal se rendant à Port-Royal afin d’y parfaire l’œuvre de la grâce et Huysmans s’enfermant dans une Trappe pour y pleurer ses péchés, sont deux