Page:Huysmans - Prières et pensées chrétiennes (1910).djvu/18

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il lui manquait encore l’élan qui projette une créature humaine aux pieds de la Croix. L’occultisme l’attirait et le satanisme et la magie. Il publiait, en 1891, le manuel de démonologie qui s’intitule Là-Bas où, tout en relatant « les manigances du malin », il rendait un inconscient hommage à la Divinité, puisqu’en somme il dévoilait les scélératesses du culte diabolique et prenait parti pour l’Église contre le Démon.

En tout cas, ce devait être l’adieu de Huysmans à la littérature profane. L’année suivante, la crise qu’il traversait depuis si longtemps se dénoua soudain. Après bien des atermoiements, les difficultés, d’abord insurmontables, s’aplanirent, les objections tombèrent d’elles-mêmes ; et l’incrédule, vaincu par l’insistance divine, ne résista plus à la Grâce : « Je priai pour la première fois et l’explosion se fit. »

Était-il converti ? Qui dit conversion dit changement complet de vie. Or un homme n’accomplit pas ce changement du jour au lendemain ; il ne renonce pas, en vingt-quatre heures, à tout ce qui l’a retenu, distrait ou séduit dans le monde. C’est affaire de temps, de patience et de luttes intérieures.

Et précisément ce sont ces luttes que Huysmans va nous raconter dans En route, avec sa coutumière précision et avec cette sûreté de l’observateur habile à suivre en lui-même les phases les plus diverses des phénomènes psychologiques.