Page:Huysmans - Prières et pensées chrétiennes (1910).djvu/24

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place de ces aspirations — des pratiques étroites et des « amusettes de vieilles filles » ?

Il a peur d’être rebuté à jamais par quelque maladresse et sa méfiance naturelle se double ici de l’embarras qu’il éprouve à rencontrer un prêtre sympathique à de telles idées. Pourtant, Durtal en connaît un, l’abbé Gévresin, avec lequel il a conversé jadis chez les bouquinistes et dont il a surpris le goût pour les écrivains mystiques. Sous prétexte de lui parler de livres rares et de biographies de saints il va chez lui et qu’arrive-t-il ? C’est qu’après une banale entrée en matière, Durtal laisse éclater ses sanglots.

Pour me servir de ses propres termes, « il se débonde, épandant, au hasard des mots, ses plaintes, avouant l’inconscience de sa conversion, ses débats avec sa chair, son respect humain, son éloignement des pratiques ecclésiales, son aversion pour tous les rites exigés, pour tous les jougs ».

Le vieil ecclésiastique auquel se confie Durtal est un homme avisé ; il connaît à merveille le maniement des âmes et il n’hésite pas à voir, dans le retour de ce pénitent, un témoignage très certain de la lente action divine. C’est Dieu qui jusqu’à présent a pris soin du pécheur, et par cette emprise céleste, il semble se réserver toute la conduite de l’affaire. Aussi convient-il de ne pas le contrecarrer. Les recommandations de l’abbé se réduisent donc à celles-ci : Priez et attendez !