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Page:Huysmans - Prières et pensées chrétiennes (1910).djvu/32

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Pourquoi la douleur s’insinue-t-elle dans notre vie ? Pourquoi accompagne-t-elle toujours nos joies si brèves, auxquelles, sans tarder, elle succède ? Pourquoi sommes-nous toujours obligés de compter avec elle et de lui réserver souvent la meilleure part de notre avenir ? Pourquoi enfin est-elle aveugle et s’abat-elle sur les uns et les autres, prenant les petits enfants qui n’ont point commis le mal, accablant, avec une indifférence cruelle, les bons et les mauvais ?

Oui, elle est « le vrai désinfectant des âmes ». Mais cette constatation, si elle nous la rend moins odieuse, humainement parlant, ne nous apprend pas à profiter de ses coups, pour nous perfectionner et pour pratiquer la charité dans ce qu’elle a de vraiment sublime.

« Chacun, dit Huysmans, est jusqu’à un certain point responsable des fautes des autres et doit aussi, jusqu’à un certain point, les expier ; et chacun peut aussi, s’il plaît à Dieu, attribuer dans une certaine mesure les mérites qu’il possède ou qu’il acquiert à ceux qui n’en ont point ou qui n’en veulent point recueillir. »

Qui sait, en effet, si une parole, si un exemple n’ont point, à un moment donné, déterminé tel acte coupable du prochain ? Nous sommes donc un peu solidaires les uns des autres et l’office de la charité chrétienne, comprise dans son rôle divin, consiste à soulager les peines de nos frères par les mérites de nos souffrances.