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Page:Huysmans - Prières et pensées chrétiennes (1910).djvu/33

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Toutefois, le chef-d’œuvre du renoncement charitable réside dans la substitution mystique, dans cet héroïque holocauste par lequel des immolés volontaires préviennent les fautes d’autrui « en supplantant les personnes trop faibles pour en supporter le choc ».

Cette suppléance est tantôt spirituelle, comme chez sainte Thérèse ; tantôt au contraire « elle ne s’adresse qu’aux maladies du corps ».

Voici, par exemple, sainte Lydwine qui assuma la charge écrasante d’expier les maux de son époque, en ce XVe siècle où les guerres se déchaînaient sans trêve, où le schisme scindait la chrétienté et où les grandes épidémies secouaient l’Europe d’un frisson d’horreur. Pendant plus de vingt-cinq ans, elle subit des tortures sans nom, vécut d’une vie incompréhensible, avec un corps qui n’était plus qu’ulcères et pourriture, toujours insatiable de maladies et demandant au Ciel de ne pas l’épargner, alors qu’elle défaillait sous la violence du supplice.

Ah ! le beau livre que celui où Huysmans nous raconte le martyre de la vierge de Schiedam ! Je l’appellerais volontiers le livre des infirmes, tant il approfondit les causes de la souffrance imposée à l’homme par les desseins impénétrables d’En-Haut, tant il apporte aux malades de réconfort, en leur taisant accepter, dans un esprit de sacrifice, les misères qui sont la rançon de nos méfaits.