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Page:Huysmans - Prières et pensées chrétiennes (1910).djvu/35

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pieux personnage qui n’a plus en vue que sa propre perfection.

S’il a chanté naguère les souffrances de sainte Lydwine, il sait que ce rôle de victime propitiatoire est exceptionnel et que, d’ailleurs, les mortifications corporelles ne sont que « des véhicules et des moyens ». Il y a quelque chose de plus humble dans la vie du chrétien. Suivre tous les préceptes, s’astreindre à toutes les pratiques, ne jamais se lasser du retour des mêmes prières, cela paraît très simple aux gens qui n’aperçoivent que le dehors de la religion et qui se persuadent qu’elle est toujours facile aux croyants, toujours indulgente, toujours agréable. Et pourtant la monotonie s’insinue. On a honte de répéter en confession des fautes qui reviennent ponctuellement. Oh ! ce ne sont peut-être pas de grosses fautes, mais des péchés tenaces, que l’on ne parvient pas à déraciner et qui vous mettent en face de votre misère morale. On piétine sur place, on est tenté de tout abandonner et cependant on doit tenir bon ! « Il faut se dire, pour se désattrister, qu’en raison de notre déchéance, il est impossible de rester indemne, qu’il en est des brindilles et des fétus peccamineux comme de ces grains de poussière qui emplissent, qu’on le veuille ou non, les pièces. On les balaie dans de fréquentes confessions et, ce nettoyage exécuté, d’autres reviennent, c’est toujours à recommencer. »