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Page:Huysmans - Prières et pensées chrétiennes (1910).djvu/36

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Et puis l’héroïsme, lorsque des maux extraordinaires ne nous sont pas dévolus, ne consiste-t-il pas à souffrir chaque jour les vexations du prochain, les fourberies, les injustices auxquelles personne ne peut se vanter d’échapper. Nous disons à Dieu : Pardonnez-nous nos offenses, comme nous les pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Mais quand nous parlons ainsi « nous en devrions trembler ». Car il ne s’agit pas seulement de supporter les avanies ; il convient de les désirer « par besoin d’humiliation et par convoitise d’amour divin ». « Ne souhaiter non seulement aucun mal à son bourreau, mais l’aimer davantage et demander, sans arrière-pensée, qu’il soit heureux… cela, dit Huysmans, c’est au-dessus des forces humaines. » Mais cela, comme il le dit aussi, « c’est la pierre de touche de la sainteté ».

Ainsi s’épure et s’exhausse, d’année en année, la pensée de Huysmans. Depuis En route jusqu’aux Foules de Lourdes, ses livres se concluent par des prières. Et dans le cours de ces volumes d’art et de piété, combien de pages où, suivant l’expression de M. Brémond, « on croise involontairement les mains, on voudrait, on devrait même continuer à genoux ».

Du retour à Dieu, retour baigné de larmes et fortifié par la pénitence, il s’est élevé jusqu’au mysticisme le plus ardent. Pendant quinze ans, il s’est amendé par la prière, par le sacrifice, par