Page:Huysmans - Prières et pensées chrétiennes (1910).djvu/39

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Ah ! il l’a magnifiée jusqu’à la fin, cette souffrance qui le tenaillait ! Et comme l’excellent Coppée, qui venait le voir souvent et qui devait bientôt succomber au même mal, avec la même résignation chrétienne, avait raison de s’écrier, en face de tant de sérénité :

« Huysmans, il s’est décrit lui-même dans Sainte Lydwine ! »

Les médecins lui proposaient-ils de la morphine, afin d’endormir sa torture, « vous voulez m’empêcher de souffrir, leur disait-il, je vous le défends ! »

Enfin il mourut, dans la paix de son sacrifice accompli et pouvant se rendre cette justice qu’il n’avait pas fait que de la littérature…

Il restera comme l’exemplaire original de l’écrivain catholique moderne. Il ne se compare ni à Louis Veuillot, qui fut un merveilleux ouvrier de lettres, mais auquel manqua dans une certaine mesure, le sens artistique, ni à Barbey d’Aurevilly, dont la verve tapageuse faisait trembler le panache qu’il portait à son heaume de croisé ; ni à ceux-là, ni à personne. Il est à part. Il a su écrire comme un artiste ; il a su prier comme un moine, alliant dans une harmonie quelquefois rude, mais toujours savoureuse, la langue du naturaliste impénitent qu’il était aux effusions candides et enthousiastes du grand croyant qu’il devint.

Henri d’Hennezel.