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personne ne s’exile ainsi de soi-même ; on ne tue pas le vieil homme, on l’engourdit à peine et, à la moindre occasion, ce qu’il s’éveille !

Les saints y sont pourtant parvenus, à l’aide de grâces spéciales et encore Dieu leur a-t-il laissé des défauts afin de les préserver de l’orgueil ; mais pour le commun des mortels, rien de semblable ne se réalise et plus j’y réfléchis et plus je me persuade que rien n’est plus difficile que de se muer en saint.

Certes beaucoup de gens ont maté la chair, ils pratiquent l’amour de Jésus, l’humilité ; ils refoulent, sans doute, le plus gros des dispersions ; ils vivent aux écoutes de l’arrivée de Dieu ; ils ne sont pas loin d’être des saints… Mais il y a une pelure, un zeste, sur lequel ils glissent et qui les fait choir et les rejette dans la foule des saintes gens et les saintes gens ne sont pas des saints, car ce sont eux qui s’arrêtent en haut de la côte et n’en pouvant plus, se reposent et bien souvent redescendent.