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ratrice, que des colères et des huées, elle attendit, elle aussi, avec impatience, la venue du Messie qui devait la rédimer de son abominable renom et détruire ce stigmate exécré qu’elle portait sur elle.

…Elle ne fut vraiment l’amante magnifique qu’avec l’Homme-Dieu. Sa capacité de souffrances dépassait ce qu’elle avait connu. Elle rampa vers Lui en cette nuit effrayante où, seul, abandonné dans une grotte, il assumait les péchés du monde et elle s’exhaussa, dès qu’elle l’eût enlacé, et devint grandiose. Elle était si terrible qu’il défaillit à son contact ; son agonie ce furent ses fiançailles à elle ; son signe d’alliance était, ainsi que celui des femmes, un anneau, mais un anneau énorme qui n’en avait plus que la forme et qui était, en même temps qu’un symbole de mariage, un emblème de royauté, une couronne. Elle en ceignit la tête de l’Époux, avant même que les Juifs n’eussent tressé le diadème d’épines qu’elle avait commandé et le front se cercla d’une sueur de rubis, se para d’une ferronnière en perles de sang.