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Elle l’abreuva des seules blandices qu’elle pouvait verser, de tourments atroces et surhumains et, en épouse fidèle, elle s’attacha à Lui et ne le quitta plus ; Marie, Magdeleine, les Saintes femmes n’avaient pu marcher, à chaque instant, sur ses traces ; elle, l’accompagna au prétoire, chez Hérode, chez Pilate ; elle vérifia les lanières des fouets, elle rectifia l’enlacement des épines, elle alourdit le fer des marteaux, s’assura de l’amertume du fiel, aiguisa le fer de la lance, effila jalousement les pointes des clous.

Et quand le moment suprême des noces fut venu, alors que Marie, que Magdeleine, que saint Jean, se tenaient, en larmes, au pied de la Croix, elle, comme la Pauvreté dont parle saint François, monta délibérément sur le lit du gibet, et, de l’union de ces deux réprouvés de la terre, l’Église naquit ; elle sortit, en des flots de sang et d’eau du cœur victimal et ce fut fini ; le Christ devenu impassible, échappait pour jamais à son étreinte ; elle était veuve au moment