Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/143

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vanouirent, Jésus s’éleva et il commençait à devenir invisible, quand, affligée de son départ, la sainte s’écria :

— Seigneur, si vous êtes réellement Celui que je crois, prouvez-moi, avant de me quitter, que je ne suis pas le jouet d’une illusion ; ne m’abandonnez pas, sans me laisser un indice certain que c’est bien Vous et non un autre qui êtes là !

À ces mots, Jésus revêtit une nouvelle forme et Lydwine aperçut, planant au-dessus de sa tête, une hostie, pendant qu’au même instant une nappe blanche descendait sur son grabat ; l’hostie doucement s’y plaça.

Cependant le vieux Pierre, qui continuait à écouter à la porte sans rien comprendre à ce qui se passait, finit par entrer et s’assit sur le bord de la couche.

— Agenouillez-vous, père, dit-elle, car mon Seigneur Jésus crucifié est là.

Stupéfié le père s’agenouilla et vit, en effet, l’hostie. Il courut chercher ses enfants et Marguerite, Agathe et Wivina, femmes de bien, ses voisines, qui furent saisis de surprise et de peur, en considérant le corps du Christ ainsi tombé du ciel. Tous discernaient une oublie pareille, un peu plus petite que celle dont se sert le prêtre et un peu plus grande que celles réservées aux fidèles ; tous reconnaissaient que sa circonférence était bordée de rais lumineux et qu’au centre se dessinait l’image d’un enfant crucifié qui avait près du cœur une goutte de sang de la grosseur d’un petit pois et des plaies saignantes aux pieds