Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/173

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de son ami et l’appela. Il jaillit, embrasé, projetant des étincelles ainsi qu’un fer chauffé à blanc et, avec une voix qui n’en était plus une, il la nomma, ainsi que de son vivant, ma très chère mère Lydwine, et la supplia de le sauver.

Cette âme en feu, cette voix inarticulée, la bouleversèrent si fort que sa ceinture de crins, qui était pourtant solide, éclata et qu’elle revint à elle.

— Ah ! dit-elle aux femmes qui la veillaient et qui s’étonnaient de la voir si frissonnante et si abattue, ah ! croyez-moi, il n’y a que l’amour de Dieu qui puisse me faire descendre dans de tels barathres ; sans cela, je ne consentirais jamais à regarder de si terribles scènes !

Et, un autre jour, alors qu’un bon prêtre disait devant elle, en montrant un vase plein de graines de moutarde : « ma foi, je me contenterais bien de ne pas subir plus d’années de Purgatoire qu’il n’y a de grains dans ce pot », elle s’écria : que racontez-vous là ! Ne croyez-vous donc point en la miséricorde du Messie ? Si vous vous doutiez de ce qu’est ce foyer de tourments vous ne parleriez pas de la sorte !

Or, cet ecclésiastique mourut quelque temps après et diverses personnes, qui avaient assisté à cet entretien, s’enquirent auprès de Lydwine pour être informées de son sort.

— Il est bien, fit-elle, parce qu’il était un digne prêtre, mais il serait mieux s’il avait eu une fiance plus efficace dans les vertus de la Passion du Christ