Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/234

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d’Alexandrie, vierge et martyre, s’aventura avec ses gens dans ces parages.

Surpris d’apercevoir un arbre isolé dans un paysage dénué de végétation, il s’approcha et discernant la cabane logée dans les branches il s’écria :

— Si c’est un serviteur du Christ qui habite ici, je le prie, pour l’amour de Jésus, de me répondre.

À cet appel, au nom de Jésus, un être gras énorme, vêtu de guenilles et effroyablement sale, sortit du lacis des nattes.

L’évêque, déconcerté, regardait cette masse qui ressemblait plus à une colossale bonbonne dont le goulot serait surmonté en guise de bouchon par une vessie de saindoux qu’à un corps et à un visage d’homme. Il commençait à être pris de peur quand la boule de cette face s’irradia en un sourire lumineux d’ange.

— Dites-moi, père abbé, fit le prélat, rassuré par ce sourire, depuis combien de temps demeurez-vous dans cet arbre ?

— Depuis dix-sept ans, répondit l’ermite.

— Quel âge aviez-vous lorsque vous avez fui le monde ?

— Dix-neuf ans.

Et, reprit l’Anglais, avec quoi vous sustentez-vous ? je ne découvre pas trace d’herbes et de racines autour de votre laure et cependant votre obésité est sans égale !

— Celui qui a nourri les enfants d’Israël dans le