Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/239

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Lydwine était, à ce moment, ravie hors du monde ; elles sortirent, pour vaquer à leurs affaires, mais lorsque peu de temps après, elles revinrent, elles odorèrent un fumet de chair grillée et se précipitèrent sur le lit qu’elles découvrirent ; le couvercle s’était défait et les charbons étaient en train de carboniser l’une des côtes de la sainte.

À cet instant, son ravissement cessa.

— Ô Lydwine, s’écrièrent ses amies, quelle affreuse plaie ! ne la sentez-vous pas ?

— Si, fit-elle, je la sens maintenant, mais je ne souffrais nullement tandis que j’étais avec le Seigneur.

Les braves femmes pleuraient, en se reprochant leur imprudence.

— Ne vous lamentez pas, murmura-t-elle, et bénissez le Sauveur qui m’a si bien absorbée en Lui que je ne me suis même pas doutée que des braises me calcinaient le flanc.

En l’an 1428, un incendie menaça d’être pour elle plus terrible. Peu de semaines avant qu’il n’éclatât, Lydwine s’était exclamée, à plusieurs reprises : la colère de Dieu est sur Schiedam ! Et, tout en larmes, elle avouait à ses intimes qu’elle s’était offerte comme victime au Christ qui avait refusé d’accepter son sacrifice.

Que va-t-il advenir ? lui demanda-t-on.

— Un incendie détruira Schiedam ; l’iniquité de cette ville est mûre et l’heure de sa moisson est proche ; je ne puis, hélas ! désarmer le ressentiment du Juste.