Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/252

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tant même où il entrait dans le port de Rotterdam, saisi de vertige. Il erra, comme un fou, sur le pont du bateau et tomba et se fracassa le crâne ; un autre près de Zierikzée se tordit dans des accès de délire et fut abandonné dans une chaloupe où il mourut ; le troisième qui appartenait à l’armée navale fut tué, pendant un combat, par les Anglais ; le quatrième enfin, qui s’attribuait le titre de médecin, fut frappé d’apoplexie près de Sluse et devint aphasique. Son domestique lui rappela alors son crime et l’interrogea pour savoir s’il n’en éprouvait pas quelque remords. Il fit signe que oui et trépassa.

Après son enterrement, ce serviteur, qui était un brave et pieux homme, vint à Schiedam pour solliciter, au nom de son maître, le pardon de Lydwine ; et il lui fut accordé, on peut le croire, aisément.

Cette sinistre aventure désola, pendant des années, la sainte.

Elle pleurait non sur les plaies qu’elle avait reçues, mais sur la perversité de ces vauriens que ses prières ne parvenaient pas à sauver ; aussi ne voulait-elle pas qu’on la plaignît de ces sévices.

— Plaignez-vous plutôt, fit-elle, un jour, aux magistrats et baillis de Schiedam qui reparlaient chez elle de cette affaire ; plaignez-vous, car je vous vois menacés d’un péril dont vous ne vous doutez point.

Et, en effet, peu de temps après, ils furent inculpés par le duc de Bourgogne de trahison et menacés d’avoir le cou tranché.

Après ces événements, l’ange du seigneur s’ap-