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LES GRÜNEWALD DU MUSÉE DE COLMAR

Carlsruhe et celui de Colmar, l’impression se dégage assez nette. Le Calvaire de Carlsruhe est plus pondéré et plus d’aplomb, le sujet principal ne risque pas de se disperser au profit des alentours. Il est aussi moins trivial et plus terrible. Si l’on compare le rictus désordonné de son Christ et la physionomie plus peuple peut-être, mais moins déchue de son saint Jean au coma du Christ de Colmar, et à la grimace de vieux gamin du disciple, le panneau de Carlsruhe apparaît moins conjectural, plus pénétrant, plus actif et, dans son apparente simplicité, plus fort, mais il n’a pas l’exquise Vierge blanche et il est plus conventionnel, moins inattendu, moins neuf. La Crucifixion de Colmar introduit un élément nouveau dans une scène traitée d’une manière immuable par tous les peintres ; elle s’évade des moules et dédaigne les données ; elle est plus imposante à la réflexion et