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LES GRÜNEWALD DU MUSÉE DE COLMAR

des couleurs agressives qui vont parfois jusqu’aux tons stridents et acides, l’on concevra qu’un vague malaise vous opprime devant cette féerie jouée dans le bruyant décor d’un gothique fol.

Comme contraste, pour se détendre les nerfs, l’on peut s’attarder devant le panneau représentant l’entretien de saint Antoine et de saint Paul ; celui-là est le seul qui soit pacifique dans cette série, mais l’on est déjà si bien habitué à la fougue des autres qu’on a presque envie de le juger trop inerte, de le trouver trop sage.

Dans une campagne couleur de lapis et de vert de mousse, les deux solitaires sont assis l’un en face de l’autre : saint Antoine étonnamment vêtu pour un homme qui vient de traverser le désert d’un manteau gris perle, d’une robe bleue, et coiffé d’une toque rose ; saint Paul, habillé de sa fameuse robe de palmier,