Page:Hyspa - L’Éponge en porcelaine, 1921.djvu/18

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Prenez une tête de cheval, un thorax de lévrier et une chenille ; collez le tout à froid, en ayant soin d’y ajouter quelques nageoires et vous obtiendrez ce poisson charmant qui porte le doux nom d’Hippocampe ou cheval marin.

Doté par la généreuse nature des ailes de l’amour et de la queue prenante du singe, l’Hippocampe s’avance majestueux et lent entre deux eaux ; la tête haute, le buste, droit, laissant traîner sa queue comme une robe ou comme un sabre, et l’on dirait d’une dame, d’une très grande dame ou d’un officier de salon.

L’Hippocampe se meut prudemment et lentement, messieurs, parce qu’il craint de se casser quelque chose ou de se décoller ; aussi passe-t-il presque toute son existence à dormir ou à rêver, tranquillement assis sur sa queue.

Pourtant, il n’en fut pas toujours ainsi, et si nous en croyons Homère, Neptune, dieu des mers, attelait jadis l’Hippocampe à son omnibus de famille. Mais les temps sont changés, et, depuis, l’Hippocampe s’est avachi ; et ne pensez-vous pas, messieurs, qu’il serait bon d’attirer l’attention de la marine sur ce poisson dont elle pourrait faire un excellent remorqueur ? un remorqueur à hélice, messieurs, sans chaudière et sans piston.

Mais ne nous égarons pas.

L’Hippocampe est donc un animal paisible, calme et inodore.