Page:Hyspa - L’Éponge en porcelaine, 1921.djvu/23

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Il arrive parfois que le Veau devient dégoûtant à force d’être gras ; on profite de ce moment pour le tuer. On voit alors des gens (et ce n’est guère courageux), se payer sa tête - sa tête qui repose en la paix du cerfeuil, - d’autres s’arracher ses pieds, etc., etc. ; puis ce qui reste continue à se piquer pendant de longs séjours à l’étalage des charcuteries, ou peut encore, au besoin, remplacer le thon à l’huile, le thon qui, vous le savez, messieurs, n’est qu’un veau qui a mal évolué.

Après sa mort, le Veau, que nous avons vu si mou de son vivant, le Veau devient agressif et vous poursuit jusque dans les buffets des gares, où il finit par tomber dans la purée des modestes repas à prix fixe.

Quelques naturalistes ont observé un certain rapport entre le Veau et la Vengeance : d’après eux, ces deux aliments se mangeraient froids. J’ajouterai pour ma part, messieurs, qu’il ne faut pas manger de Veau, car cet animal, comme le citron, n’est jamais mûr.

Voilà, messieurs, tout ce qu’on ignorait sur le Veau, animal dont on ne peut retirer que de la peau pour chaussures.

Dans ma prochaine leçon, messieurs, je vous ferai part de mes recherches sur le lapin. Il ne faut pas qu’il soit dit que dans la série de mes cours j’ai sauté le lapin.