Page:Hyspa - L’Éponge en porcelaine, 1921.djvu/40

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D’après nos observations, nous savons qu’on ne le voit que la nuit ; nous pouvons donc le classer tout de suite parmi les Nocturnes.

Mais que fait-il dans son antre, dans sa tanière ? direz-vous.

Ce qu’il fait ? Que voulez-vous qu’il fasse ? Il compose, il décompose, c’est-à-dire qu’il s’applique à mettre en vers toutes les proses de la vie, ou tout au moins, nous aimons à le supposer, - et c’est bien notre droit.

Telle est, à peu près, la vie diurne de ce lépidoptère que Jean de La Fontaine aurait compté parmi les animaux malades de la peste.

Sur le coup de 9 heures 9 heures et demie du soir, lorsque Montmartre a fait ample moisson de lampes électriques, le Chansonnier sort de son aire.

Tel un papillon qui aurait l’âme d’une pie, il s’abat sur les concerts et cabarets lumineux. Dans ces cabarets, nous trouvons le Chansonnier, trônant, pareil à un demi-dieu, dans la gloire des fumées (ou les fumées de la gloire, on ne sait pas bien), parmi des floraisons de bière blonde et de prunes à l’eau-de-vie, et toujours chantant comme un oiseau sur les planches.