Page:Hyspa - L’Éponge en porcelaine, 1921.djvu/69

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L’ÉPONGE n’est pas autre chose qu’une sorte de gruyère poreux affectant - bien malgré lui - la forme d’un gros champignon.

Peu nous importe que quelques naturalistes du XVIe siècle se soient occupés de savoir si l’Éponge appartient au règne animal ou au règne végétal. Rangeons-nous plutôt à l’opinion de ceux qui font de l’Éponge le point de bifurcation des deux règnes, et ajoutons, ainsi que nos recherches nous permettent de l’affirmer, que l’Éponge est un animal qui végète.

Née dans les bas-fonds de la mer où elle passe une partie de son existence, attachée, tel un rond de cuir, à son banc, l’Éponge, semble, par sa conformation et son mutismes prédestinée à la police secrète des populations louches et écailleuses parmi lesquelles elle respire. C’est donc à juste titre qu’elle a reçu celui d’Argus des mers.

Pour toute nourriture, l’Éponge n’a que la mer à boire, mais elle la boit.

Elle la boit de tous ses yeux, de ses yeux plus gros que son ventre, et elle aurait vite fait de transformer les océans en Saharas (car le sel