Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 1.djvu/125

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unes aux autres. Celui qui navigue sur le Nil n’a pas besoin d’emporter des provisions de route, car, toutes les fois qu’il veut descendre sur le bord du fleuve, il peut le faire, soit pour vaquer à ses ablutions et à la prière, soit pour acheter des vivres et autres objets. Des marchés se suivent sans interruption depuis la ville d’Alexandrie jusqu’au Caire, et depuis le Caire jusqu’à la ville d’Oçouàn (Syène), dans le Sa’îd.

J’arrivai enfin à la ville du Caire, métropole du pays et ancienne résidence de Pharaon aux pieux ; maîtresse de régions étendues et de pays riches, atteignant les dernières limites du possible par la multitude de sa population et s’enorgueillissant de sa beauté et de son éclat. C’est le rendez-vous des voyageurs, la station des faibles et des puissants. Tu y trouves tout ce que tu désires, savants et ignorants, hommes diligents ou adonnés aux bagatelles, doux ou emportés, de basse extraction ou d’illustre naissance, nobles ou plébéiens, ignorés ou célèbres. Le nombre de ses habitants est si considérable, que leurs flots la font ressembler à une mer agitée, et peu s’en faut qu’elle ne soit trop étroite pour eux,