Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 1.djvu/126

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malgré l’étendue de sa surface et de sa capacité. Quoique fondée depuis longtemps, elle jouit d’une adolescence toujours nouvelle ; l’astre de son horoscope ne cesse pas d’habiter une mansion heureuse. Ses conquérants (ou bien son Alkâhirah, la victorieuse, nom arabe du Caire) ont vaincu les nations, ses rois ont soumis les chefs des Arabes et des barbares. Elle possède le Nil, dont la gloire est grande, et qui dispense son territoire d’implorer la pluie ; et ce territoire, qui s’étend l’espace d’un mois de marche pour un marcheur très-actif, est généreux et réconforte l’homme éloigné de son pays natal.

C’est, remarque Ibn Djozay, c’est en parlant du Caire qu’un poëte a dit :

J’en jure par ta vie ! Misr (le Caire) n’est pas misr (une grande ville), mais c’est le paradis ici-bas pour quiconque réfléchit. Ses enfants en sont les anges (allusion aux jeunes garçons, doués d’une éternelle jeunesse, qui serviront d'échansons aux élus dans le paradis ; Coran, lxxvi, 19), et ses filles aux grands yeux, les houris. Son île de Raudhah est le jardin, et le Nil le fleuve Canther (fleuve du paradis).