Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 1.djvu/355

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guide lui-même s’égare, et l’ami ne pense plus à son ami. Il s’étend l’espace de trois jours de marche, et à son terme est la vallée de Râbigh. La pluie y forme des étangs dans lesquels l’eau séjourne longtemps. C’est à partir de cet endroit que commencent les cérémonies du pèlerinage pour ceux qui viennent de l’Égypte et de la Mauritanie, et il est près de Djohfah. Nous voyageâmes trois jours de Râbigh à Kholaïs, et nous passâmes par le défilé du Séouîk (propr. farine d’orge séchée au feu ; c’est aussi le nom d’une sorte de bouillie ou tisane qu’on fait avec cette farine, etc. etc.). Il est à la distance d’une demi-journée de Kholaïs, et renferme beaucoup de sable ; les pèlerins y boivent constamment le séouîk, qu’ils emportent avec eux exprès du Caire ou de Damas. On le prend mélangé avec du sucre ; et les émirs en remplissent les réservoirs, pour que le public s’y abreuve. On raconte que, l’envoyé de Dieu passant par ce défilé, ses compagnons n’avaient avec eux aucune nourriture ; alors il y prit du sable, qu’il leur donna ; ils le burent et y trouvèrent le goût du séouîk. (Voyez, pour une autre version, l’Essai sur l’histoire des Arabes, par M. Caussin de Perceval, t. III, p. 84.)