Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 2.djvu/143

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A sa droite et à sa gauche voguaient deux barques, remplies de joueurs d’instruments et de chanteurs.

Voici un des actes de générosité que j’ai vu accomplir par le sultan ce jour-là : plusieurs aveugles se présentèrent devant lui et se plaignirent de leur misérable position ; il assigna à chacun d’eux un vêtement, un esclave pour le conduire, avec une somme pour son entretien.

Lorsque le sultan Abou Sa’îd monta sur le trône, étant tout jeune, ainsi que je l’ai dit, l’émir des émirs, Djoûbân, s’empara du pouvoir, et lui interdit la disposition de toute chose, si bien qu’il ne possédait de la royauté que le nom. On raconte qu’Abou Sa’id eut besoin d’une somme d’argent pendant une certaine fête ; mais il n’avait pas pu réussir à se la procurer. Il s’adressa alors à un marchand, qui lui donna tout l’argent qu’il voulut. Abou Sa’îd ne cessa de rester dans cet état de sujétion, jusqu’à ce qu’un jour une des femmes de son père, Dounya khâtoûn, vînt le trouver et lui dît : « Si nous étions les hommes, nous ne laisserions pas Djoûbân et son fils dans la situation où ils se trouvent. » Il