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Hormouz. Il visite l’île de ce nom, auparavant appelée Djéraoun ; puis, passant sur le continent, il parcourt le désert du Lâristân, et arrive à Cawrestân, puis à Lâr, où régnait un sultan d’origine turcomane, à Khondjopâl, aussi appelée Hondjopâl, et enfin à Sirâf, port de mer, autrefois très-fréquenté par les navires de Bassora, de l’Inde et de la Chine, mais depuis délaissé pour les ports de Kich et de Hormouz. Les pêcheries de perles du golfe Persique, les plus célèbres de tout l’Orient, étant situées près des îles Bahraïn, vis-à-vis de Sîrâf, notre auteur n’a garde d’oublier de les décrire. Mais il tombe dans une exagération palpable, lorsqu’il nous assure que, parmi les plongeurs, il s’en trouvait qui pouvaient rester sous l’eau durant plus de deux heures. Il paraît, d’après le témoignage de voyageurs dignes de foi, que la durée du temps pendant lequel les pêcheurs de perles du golfe Persique demeurent sous l’eau, n’excède pas soixante et dix à cent secondes. Tout au plus pourrait-on le porter à cinq minutes, avec M. Morier.

De Sirâf, Ibn Batoutah passe à Bahraïn, sur la côte d’Arabie ; il se rend ensuite à Alkathif, à Hedjer, appelé aussi Alhaça, et enfin à la ville de Hadjr, dont il fait, ainsi que le célèbre géographe Yâkoût[1], la capitale du Yemâmah. Il accompagna l’émir de cette dernière ville à la Mecque, et après avoir accompli de nouveau les cérémonies du pèlerinage, il va s’embarquer à Djouddah pour’Aidhâb. Mais la tempête l’ayant derechef poussé vers le port de Ras Dawâïr, il part de cet endroit, par la voie de terre, avec des Bodjàh (les Ababdeh actuels, les Blemmyes de l’antiquité), et après une marche de neuf

  1. Voyez Lexicon geographicum, édit. Juynboll, t. I, Leyde, 1852, p. 288.