Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 2.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous nous embarquâmes à Couloua pour la ville de Zhafâr alhoumoûdh (Zhafâr aux plantes salines et amères). Le mot Zhafâr est indéclinable, et sa dernière lettre est toujours accompagnée de la voyelle kesrah (i, Zhafâri). Elle est située à l’extrémité du Yaman, sur le littoral de la mer des Indes, et l’on en exporte dans l’Inde des chevaux de prix. La traversée dure un mois plein, si le vent est favorable ; et pour ma part, j’ai fait une fois en vingt-huit jours le voyage entre Kâlikoûth, ville de l’Inde, et Zhafâr. Le vent était propice, et nous ne cessâmes pas d’avancer nuit et jour. La distance qu’il y a par terre entre Zhafâr et ’Aden est d’un mois, à travers le désert. Entre Zhafâr et Hadhramaout il y a seize jours, et entre la même ville et ’Oman, vingt jours de marche. La ville de Zhafâr se trouve dans une campagne déserte, sans village ni dépendances. Le marché est situé hors de la ville, dans un faubourg appelé Hardjâ, et c’est un des plus sales marchés, des plus puants et des plus abondants en mouches, à cause de la grande quantité de fruits