Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 2.djvu/247

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j’arriverais à Kalhât à trois ou quatre heures de l’après-midi du même jour. Alors je louai un des matelots pour m’indiquer la route, et Khidhr, l’Indien dont nous avons déjà parlé, vint avec moi. Je laissai dans le bâtiment mes compagnons avec mes effets, et ils devaient venir me rejoindre le lendemain. Je pris un paquet de mes propres habillements, que je remis au guide, afin qu’il m’évitât la fatigue de les porter, et je saisis dans ma main une lance.

Mais ce guide voulait s’emparer de mes habillements. Il nous conduisit à un canal formé par la mer et où a lieu le flux et le reflux, et il se disposa à le traverser avec les hardes. Je lui dis alors : « Passe-le toi seul, et laisse ici les effets ; nous traverserons, si nous le pouvons, sinon nous remonterons pour chercher le gué ». Il revint sur ses pas, et nous vîmes peu après des hommes qui passèrent le canal à la nage, ce qui nous prouva que l’intention du guide était de nous noyer, et de se sauver avec les vêtements. Alors je simulai l’allégresse ; mais je me tins sur mes gardes, je serrai ma cein-