Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 2.djvu/309

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rière, un légiste et un professeur. Les étudiants se réunissaient auprès de lui, dans son école, à Koûniyah. Un homme qui vendait des sucreries entra un jour dans la medréceh, portant sur sa tête un plateau de pâtes douces, coupées en morceaux, dont chacun se vendait une obole. Lorsqu’il fut arrivé dans la salle des leçons, le cheikh lui dit : « Apporte ton plateau. » Le marchand y prit un morceau de sucrerie et le donna au cheïkh ; celui-ci le reçut dans sa main et le mangea. Le pâtissier s’en alla, sans faire goûter de sa marchandise à aucune autre personne. Le cheïkh laissa la leçon, sortit pour le suivre et négligea ses disciples. Ceux-ci l’attendirent longtemps ; enfin , ils allèrent à sa recherche ; mais ne purent découvrir où il se tenait. Il revint les trouver au bout de quelques années ; mais son esprit était dérangé ; il ne parlait plus qu’en poésie persane liée (dont les hémistiches rimaient l’un avec l’autre) et qu’on ne comprenait pas. Ses disciples le suivaient, écrivant les vers qu’il récitait, et ils en composèrent un livre, qu’ils appelèrent Mathnawy