Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 2.djvu/393

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abondants, parmi lesquels il y avait du pain. On apporta ensuite, dans de petites écuelles, une liqueur de couleur blanchâtre, et les assistants en burent. Le cheïkh Mozhaffer eddîn était assis tout près de l’émir, et je venais après le cheïkh. Je dis à celui-ci : « Qu’est-ce que cela ? » — « C’est, me répondit-il, de l’eau de dohn (graisse, etc.) » Je ne compris pas ce qu’il voulait dire ; je goûtai de ce breuvage, mais je lui trouvai une saveur acide, et je le laissai. Lorsque je fus sorti, je m’informai de cette boisson ; on me dit : « C’est du nebidh (liqueur fermentée) fait avec des grains de doûghy. » Ces peuples, en effet, sont du rite hanéfite, et le nebidh est considéré par eux comme permis. Ils appellent cette boisson fabriquée avec du doùghy, du nom d’alboûzah (sorte de bière). Le cheikh Mozhaller eddîn m’avait sans doute dit : « C’est de l’eau de dokhn (millet) ». Mais il avait une prononciation barbare, et je crus qu’il disait : « C’est de l’eau de dohn. »

Apres avoir dépassé dix-huit stations, à partir de Kiram, nous arrivâmes près d’un grand amas d’eau, que nous mîmes